III

Eyre arrêta son véhicule devant sa maison car l’allée menant au garage était bloquée par une autre voiture à laquelle était attachée une remorque pour bateau, par une moto sans moteur et une Land Rover sur laquelle était posée un chalet mobile à moitié construit. Derrière, le vaste garage était encombré de machines, de pièces, d’outils, de vieux pneus et de moteurs hors-bord en cours de réparation.

Le n°1331 Wizman Court se trouvait dans un quartier qui avait été résidentiel mais, à présent, le vieux manoir d’en face était devenu une clinique ; les maisons qui le flanquaient autrefois avaient été abattues et remplacées par des bâtiments presque achevés qui accueilleraient bientôt une clinique vétérinaire et un chenil. La demeure des Eyre paraissait vaste et élégante quand Paul et Mavice y avaient emménagé, vingt ans plus tôt. Elle semblait aujourd’hui petite, minable et sur le point de tomber en ruine.

Jusqu’à ce jour, Paul Eyre ne l’avait jamais remarqué et s’il se trouvait parfois à l’étroit chez lui, ce n’était pas, pensait-il, parce que la maison était exiguë mais parce qu’ils étaient trop nombreux à y vivre. Une fois qu’il serait débarrassé de son fils et de sa fille, la maison redeviendrait confortable. Paul avait fini de la payer et, hormis les impôts et les frais d’entretien, elle ne lui coûtait rien. Si le quartier s’était quelque peu déprécié, c’était tant mieux : les voisins ne se plaignaient pas de ce que Paul eût installé une entreprise de réparations.

Eyre n’avait jamais pensé à l’aspect extérieur de sa demeure : c’était une maison, tout simplement. Mais ce jour-là il remarqua que la pelouse n’était pas tondue, que les volets en bois avaient besoin d’un coup de peinture, que l’allée était un vrai fouillis et que des crevasses lézardaient le trottoir.

Il descendit de voiture, prit son fusil et sa gibecière de la main gauche car sa main droite était bandée. Les vieilles dames assises sur le porche latéral lui firent un geste de la main et il leur rendit leur salut. Elles avaient l’air de corneilles perchées sur une branche et que le temps abattait l’une après l’autre. Il y avait en ce moment une chaise vide au bout de la rangée mais un nouvel arrivant l’occuperait bientôt. C’était, jusqu’à la semaine dernière, la place de Mr. Ridgley, qu’on avait surpris un après-midi en train d’uriner sur les rosiers par-dessus la balustrade. Depuis, il était, selon les vieilles dames, enfermé dans sa chambre au troisième étage. Eyre leva les yeux et vit un visage blafard, barré d’une moustache jaunie par le tabac, se presser contre les barreaux d’une fenêtre.

Paul fit un signe, Mr. Ridgley se contenta de la regarder fixement et, sous la moustache, la bouche se mit à baver. Furieux, Eyre détourna les yeux. Sa mère avait regardé par cette même fenêtre pendant plusieurs semaines avant de mourir mais elle avait vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt-six ans avant de devenir gâteuse. C’était excusable. Ce que Paul ne pouvait ni excuser ni oublier, c’était que son père avait soixante ans seulement quand son cerveau avait commencé à se scléroser et qu’il avait perdu la raison.

Il monta les marches en bois brut conduisant au porche central, qu’il avait clos, et qui servait à présent de chambre à Roger. Comme d’habitude, Roger avait négligé de refermer le canapé-lit. Quatre ans dans les Marines, dont un au Viêtnam, ne lui avaient pas donné le sens de l’ordre.

En franchissant la porte, Paul découvrit son fils, un grand jeune homme blond et maigre, assis sur le sofa, le nez plongé dans un manuel universitaire, et lui demanda en grognant les raisons du désordre.

— M’man a dit qu’elle rangerait, répondit Roger. Qu’est-ce qui t’est arrivé ? poursuivit-il en regardant la main de son père.

— Riley est devenu fou, j’ai dû l’abattre.

Mavice, qui sortait de la cuisine, s’écria :

— Oh ! mon Dieu ! Tu l’as tué.

Des larmes coulèrent le long des joues de Roger, qui demanda :

— Pourquoi as-tu fait ça ?

— Je viens de te le dire, répliqua Paul en montrant sa main droite. Il m’a mordu ! Il m’a sauté à la gorge !

— Riley ? s’étonna Mavice.

— On dirait que tu ne me crois pas ! s’emporta Paul. Personne ne s’inquiète de savoir si j’ai mal ou si je risque d’attraper la rage !

Roger essuya ses larmes, regarda le pansement.

— Tu as vu un docteur ? Qu’est-ce qu’il a dit ?

— On a envoyé la tête de Riley au laboratoire de l’État, répondit Paul. Tu te rends compte de ce que je vais endurer si on m’inocule du sérum antirabique ? De toute façon, la rage, c’est mortel ! Personne n’en a jamais réchappé !

Mavice porta une main à sa bouche et poussa de petits cris étranglés en écarquillant ses yeux bleu clair.

— C’est ça, et les fers à cheval accrochés au-dessus d’une porte portent bonheur, ironisa Roger. Sors donc un peu du XIXe siècle, papa. Intéresse-toi à quelque chose d’autre que les moteurs hors-bord et la télé. Le taux de guérison de la rage est très élevé.

— D’accord, je n’ai passé qu’une année à l’Université, mais ce n’est pas une raison pour que mon petit malin de fils me méprise. Tu en serais où si le gouvernement n’accordait pas de bourses aux anciens G.I. ?

— On fait des études pour décrocher un diplôme, pas pour enrichir ses connaissances, argua Roger. Il faut continuer à se cultiver seul, toute sa vie.

— Pour l’amour du ciel, vous deux ! intervint Mavice. Cessez un peu de vous chamailler. Et assieds-toi, Paul. Détends-toi, tu as l’air dans tous tes états.

— Je vais bien, bougonna Paul en éloignant sa main d’un geste brusque.

Cependant il s’assit. Le miroir accroché derrière le sofa lui avait renvoyé l’image d’un homme de petite taille, mince mais large d’épaules, avec des cheveux châtain clair, un front haut, des sourcils broussailleux couleur sable, des yeux bleus derrière des lunettes à verres octogonaux, un long nez, une épaisse moustache brune et un menton rond à fossette.

Son visage n’avait pas l’air d’un masque, n’en déplaise à Tincrowdor, selon qui on ne devait pas porter à la fois des lunettes et une moustache. La conjugaison des deux donnait aux traits une apparence de fausseté, prétendait-il. Cette remarque, qui avait agacé Paul sur le moment, lui fit songer qu’il aimerait bien voir Tincrowdor rapidement. Il aurait peut-être des réponses à lui fournir.

— Tu veux une bière, papa ? proposa Roger, l’air contrit.

— Ça ne me ferait pas de mal, merci.

Roger se hâta vers la cuisine tandis que Mavice, plantée devant le sofa, baissait les yeux vers son mari. Même lorsqu’ils étaient debout tout les deux, elle le dominait de la taille car elle mesurait, au moins dix centimètres de plus que lui.

— Tu ne penses pas vraiment que Riley avait la rage ? dit-elle. Il avait l’air normal ce matin.

— Non, je ne crois pas. Il n’avait pas de bave aux lèvres, en tout cas. Quelque chose dans le bois l’a effrayé au point de le rendre fou et il m’a attaqué. Il ne savait plus ce qu’il faisait.

Mavice alla s’asseoir sur une chaise à l’autre bout de la pièce ; Roger apporta la bière, que Paul but avec reconnaissance, bien que la couleur ambrée lui rappelât la substance jaune. Par-dessus son verre, il observa Mavice. Il l’avait toujours trouvée très jolie, malgré son visage un peu long, mais comparée à la femme qu’il avait vue dans le bois, elle lui paraissait maintenant dépourvue de beauté, voire franchement laide. Tout visage de femme lui semblerait désormais quelconque après la splendeur aperçue entre les arbres.

La porte d’entrée claqua, Glenda entra dans la pièce. Paul sentit naître en lui une vague colère, comme chaque fois qu’il voyait sa fille. Elle avait un beau visage – la version féminisée de celui de son père – et un corps qui aurait pu être aussi attirant mais ne le serait jamais. Glenda était maigre et presque plate de poitrine malgré ses dix-sept ans. Elle avait la colonne vertébrale tordue comme un point d’interrogation, une épaule plus basse que l’autre, des jambes grêles comme des bielles.

Elle s’arrêta et demanda :

— Qu’est-ce qui se passe ?

Elle avait une voix profonde et voilée que l’on trouvait sensuelle quand on ne la voyait pas.

Mavice et Roger lui répondirent et Paul se prépara à une avalanche d’accusations et de larmes car sa fille aimait beaucoup Riley. Mais elle ne parla pas du chien et parut s’inquiéter seulement pour son père. Cette réaction étonna Paul et le mit en colère.

Pourquoi cette colère ? se demanda-t-il.

Il comprit alors que Glenda était un reproche vivant, que c’était à cause de lui qu’elle n’était pas devenue une jolie fille au corps droit. Sa colère n’était qu’un moyen de se cacher cette vérité.

Paul était stupéfait de ne pas en avoir pris conscience plus tôt. Comment avait-il pu faire preuve d’un tel aveuglement ?

Il se mit à suer, à gigoter sur le sofa comme pour tenir loin de lui cette révélation. La panique l’envahit. Qu’est-ce qui lui avait soudain ouvert les yeux ? Pourquoi s’était-il aperçu seulement aujourd’hui que la maison était laide et minable, que les vieux d’en face l’effrayaient et le dégoûtaient, qu’il se fâchait contre Glenda alors qu’il aurait dû n’être que tendresse pour elle ?

Il savait pourquoi. Il lui était arrivé quelque chose dans le bois, probablement à cause de la brume jaune qui l’avait enveloppé, de la substance projetée par la chose. Mais comment avait-elle pu lui donner un esprit plus pénétrant ? Il avait peur, il avait l’impression de perdre quelque chose à quoi il était très attaché.

Eyre faillit céder au désir de tout raconter à sa femme et à ses enfants mais se dit qu’ils ne le croiraient pas. Oh ! ils croiraient bien qu’il avait vu toutes ces choses mais ils penseraient qu’il était devenu fou et auraient peur : s’il avait tué Riley au cours d’une crise, il pouvait maintenant s’en prendre à eux.

Sa frayeur redoubla car il avait maintes fois trucidé toute la famille par la pensée. Et s’il perdait le contrôle de lui-même, si le phantasme devenait réalité ?

— Je vais me laver et m’allonger un moment, déclara-t-il en se levant. Je ne me sens pas très bien.

Tout le monde parut interloqué.

— Qu’est-ce que vous trouvez de si étrange ? poursuivit-il.

— Il faut toujours te forcer à te mettre au lit quand tu es souffrant, dit Glenda. Tu ne veux pas admettre que tu puisses tomber malade, comme n’importe qui. Tu te conduis comme si tu étais un roc, invulnérable aux microbes.

— C’est parce que je ne suis pas un hyper... un hyper... un machin-chose, un tire-au-flanc comme certains.

— Un hypocondriaque, complétèrent en même temps Roger et Glenda.

— Ne me regarde pas en disant ça, répliqua Mavice en fusillant son mari du regard. Tu sais que je suis atteinte d’une infection chronique de la vessie. Je ne joue pas la comédie, le docteur Wells en personne te l’a dit quand tu l’as appelé pour vérifier si je mentais. Je n’ai jamais été aussi gênée de ma vie.

La voie aiguë venait de très loin, Glenda devenait plus contrefaite encore et Roger plus grand et plus maigre.

La porte de la chambre à coucher glissa sur le côté quand Paul essaya de la franchir. Ne parvenant pas à marcher debout, il se mit à quatre pattes : s’il était un chien, cela lui faciliterait les choses et la porte serait tellement stupéfaite de ce brusque changement d’identité qu’elle resterait immobile assez longtemps pou le laisser passer.

Il entendit Mavice crier et aboya pour la rassurer. Quand sa femme et son fils le prirent par les bras, il protesta, déclara qu’il ne voulait pas se mettre debout mais ils réussirent à le relever et le guidèrent vers le lit. Cela n’avait plus d’importance, il avait franchi la porte ; elle pouvait bien bouger dans tous les sens, maintenant, il l’avait roulée. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace.

Plus tard, il entendit à travers la porte close la voix criarde de Mavice. Il essayait de dormir pour se remettre et elle piaillait à tue-tête ! Décidément, rien ne lui ferait jamais baisser la voix. Trop de décibels pour une femme pas si belle, pensa-t-il – ce qui lui parut une réflexion étrange, même pour un ingénieur. En tout cas, il aurait bien voulu qu’elle parle moins fort ou, mieux, qu’elle se taise. Pour toujours. Il savait pourtant que ce n’était pas la faute de Mavice qui avait été élevée par des parents un peu sourds. Mais ils étaient décédés et elle n’avait aucune raison de continuer à brailler comme si elle voulait réveiller les morts.

Personne ne lui en avait-il jamais fait la remarque ? Il laissait croître en lui son ressentiment, alimenté par d’autres rancœurs ; puis, quand sa colère devenait trop forte, il se mettait lui aussi à crier, mais toujours à propos d’autre chose. Jamais il ne lui avait dit que sa voix lui écorchait les oreilles.

Paul se redressa tout à coup, se leva. Il se sentait moins faible et la porte n’était plus un être vivant.

— Qu’est-ce que tu racontes à Morna ? lança-t-il quand il fut dans le petit couloir.

Surprise, Mavice plaqua une main contre le téléphone.

— Je décommande le dîner. Tu es trop malade.

— Pas du tout, je vais bien. Dis-leur de venir comme prévu.

Mavice haussa ses sourcils tracés au rayon.

— D’accord, mais si j’avais insisté pour maintenir la soirée tu m’aurais fait une scène.

— J’ai du travail, grommela Paul en se dirigeant vers la porte de derrière.

— Tu vas travailler avec ta main bandée ?

Eyre leva les bras au plafond et passa dans la salle de séjour où Roger, un livre à la main, regardait la télévision.

— Comment peux-tu faire des maths en regardant un western ? s’étonna son père.

— Je résous une équation chaque fois qu’un Peau-Rouge mord la poussière, répondit Roger.

— Ce qui veut dire ?

— Je n’en sais rien. En tout cas, ça marche.

— Je ne te comprends pas. Moi, quand je bûchais, il me fallait le silence complet.

— Tu n’écoutais pas la radio ?

— Non, dit Paul, surpris.

— J’ai été élevé comme ça et tous mes copains aussi. Nous avons appris à faire deux choses en même temps. C’est peut-être ça, le fossé des générations. Nous percevons simultanément de nombreuses choses et nous voyons les rapports qui existent entre elles. Vous, vous ne voyez qu’une chose à la fois.

— C’est ce qui vous rend plus intelligents que nous ?

— Différents, en tout cas. Papa, tu devrais lire MacLuhan. Évidemment...

— Évidemment quoi ?

— Tu ne lis que le journal local, des magazines sportifs, ou ce qui concerne ton travail.

— Je n’ai pas le temps, rétorqua Eyre. En plus de mon boulot chez Trackless, je travaille huit heures par jour dans ma propre affaire, tu le sais bien.

— Leo Tincrowdor en faisait autant et lisait trois livres par semaines. Mais lui, il a soif de connaissances.

— M’ouais, il sait des tas de trucs mais si sa voiture tombe en panne, il la répare lui-même ? Non, il appelle un garagiste qui se fait payer très cher. Ou il me demande de la réparer pour rien.

— Personne n’est parfait, dit Roger. De toute façon, ce qui l’intéresse vraiment, c’est de savoir comment fonctionne l’univers, pourquoi notre société est en panne et ce qu’on peut faire pour la réparer.

— La société marcherait si des types comme lui ne s’ingéniaient pas à l’en empêcher !

— Tu aurais répondu la même chose il y a cent ans. Si tu penses que rien ne va maintenant, essaie donc de savoir ce qui se passait en 1874. Le bon vieux temps. Mon professeur d’histoire...

Paul quitta la pièce à grands pas pour aller dans la cuisine. D’ordinaire, il ne buvait pas plus de deux bières par jour mais aujourd’hui, c’était différent. Le bruit que fit la boîte en s’ouvrant lui rappela le claquement qu’il avait entendu quand le champ avait repris des proportions normales. Voilà un rapport que ni Roger ni personne d’autre au monde n’aurait établi. Paul pensa qu’il aurait mieux fait de rester à la maison pour liquider le travail en retard plutôt que de partir chasser la caille.

Station du cauchemar
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